15 - Il n'a plu qu'une fois

15 Juillet 2019

Ce matin c'est la pluie qu'on entend sur la toile de tente... Et pour une fois la météo et le ciel semblent d'accord : Ça va durer toute la journée.

Inutile de tergiverser, on se lève, on range tout, on plie la tente mouillée (de toute façon rien ne séchera aujourd'hui) et on file prendre le petit déjeuner au refuge.

Buffet aussi garni qu'à Kerlingarfjöll mais moins cher. On se gave littéralement pour pouvoir tenir une bonne partie de la journée. Bon plan, finalement...

Objectif pour aujourd'hui : couvrir au moins la moitié des 120 km qui nous restent pour arriver au nord de l'île.

Veste imperméable, pantalon, bonnet sous le casque et tour de cou pour empêcher l'air de rentrer : on s'enferme littéralement pour créer et entretenir une petite bulle de chaleur relative, et c'est parti...

La piste s'améliore et les reliefs s'estompent. Les kilomètres défilent. Parfois, la piste durcie est tellement lisse qu'on dirait de l'asphalte tout neuf.

Ambiance propice à la réflexion... Que sommes-nous venus chercher ici ?

Sentir notre insignifiance dans cette nature immense ?

Dire notre fierté d'aller par nos propres moyens là où la plupart vont en 4x4 ?

Souffrir un peu pour mériter les cadeaux que la nature nous offre, ne pas se contenter d'ouvrir le porte-monnaie...

Oui. 

Et aussi réapprendre à se contenter du minimum pour mieux savourer les petits bonheurs que procure le voyage lent...

S'arrêter où on veut, quand on veut, aussi souvent qu'on veut, sentir le vent nous pousser, la chaleur d'un rayon de soleil entre deux nuages...

Et le soir, manger une gamelle de pâtes (pas les mêmes qu'hier !), de la confiture sur du pain, un carré de chocolat avec le café instantané, puis se pelotonner au sec dans un duvet bien chaud, entendre la pluie et le vent sur la tente, se regarder dans les yeux et se sourire avant de s'endormir...

Nous sommes venus chercher ce qui ne s'achète pas...

Nous passons Afangi, un joli petit refuge qui aurait bien fait notre étape de ce soir... si nous étions le soir !

Mais il n'est que 12h30. 37 km au compteur. Il pleut toujours, alors autant avancer. Et de toute façon il n'y a personne. Le prochain camping est à environ 50 Km. Nous allons tâcher d'aller jusque-là.

Au sommet d'une côte un petit parking. Nous nous arrêtons. A côté de nous, un camping-car venu de Suisse. Au bout de quelques instants, l'homme sort avec une thermos et deux gobelets : « Est-ce qu'un peu de thé vous ferait plaisir ? »

Et comment ! on ne se fait pas prier. Nous discutons un bon moment avant de reprendre la route, réchauffés au propre comme au figuré.

Nous traversons une importante région de lacs de barrages hydroélectriques. La piste monte et descend constamment en suivant les bords des lacs. Mais dans cette ambiance morne, nous avons l'impression qu'elle monte tout le temps.

Bientôt, le brouillard tombe. On ne voit plus que la piste couleur cendre. Nous avançons « à l'économie », chacun à notre rythme. J'attends Béatrice tous les 10 Km.

Et tout d'un coup, une vraie descente. Nous tombons d'un coup de 200 mètres. La vue se dégage, nous sommes maintenant dans une jolie vallée verdoyante, avec des prairies, des troupeaux de vaches ou de chevaux, des fermes...un soudain retour à la vie...

Encore 18 Km et nous arrivons au camping de Hunaver. C'est une ancienne salle de spectacle en pleine campagne, transformée en centre de vacances.

La partie camping est très rudimentaire. En France, ce serait un camping à la ferme. Nous demandons s'il est possible de prendre une douche. Ce n’est pas prévu, mais le propriétaire a pitié de nous et nous permet d'aller aux douches du centre de vacances, à condition de faire vite, avant que les pensionnaires ne soient de retour...

Il y a une petite cuisine. Nous y passons la soirée, à la chaleur de 2 bougies. Nos vêtements mouillés sont étalés partout.

90 km parcourus. Objectif atteint

Demain, il y aura buffet petit-déjeuner... Chouette !


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